Le mois de septembre est marqué par le RFP (recrutement, formation, passation) pour notre Junior-Entreprise. Dans ce contexte, nous avons demandé à Franck Dissard, ancien trésorier du mandat 2018-2019 et actuel membre de notre Comité d’Organisation Stratégique de témoigner sur son expérience. Aujourd’hui, Franck exerce en CDI au sein d’AXA en tant que “HR Transformation & Service Officer”. Il a pu répondre à quelques questions que nous lui avons posées.
Projet Santé Mentale
La santé mentale des étudiants est devenue un enjeu de plus en plus préoccupant et d’actualité, comme le démontrent les chiffres et les interventions des figures politiques françaises. En 2022-2023, 43% des étudiants français se déclarent concernés par des symptômes de dépression. Le Mouvement des Junior-Entreprises, rassemblant chaque année plus de 25 000 étudiants, est en première ligne pour aborder cette question cruciale.
Marche Ensemble pour la santé mentale
Chaque année la “Marche Ensemble pour la santé mentale” est organisée par Psychodon le deuxième week-end de juin. L’objectif est de sensibiliser le plus de personnes afin de déstigmatiser les troubles psychiques.
PsyInsight : au cœur de nos formations du CRP24
Chaque année, PsyInsight participe aux différents congrès, régionaux et nationaux, organisés autour de thématiques contemporaines. Récemment, a eu lieu le Congrès Régional de Printemps 2024, qui s’est déroulé en Ile de France. La thématique portait sur “Les actions engagées”. C’est dans ce cadre que deux de nos membres : Deborah Friedberg et Anne de Lustrac ont développé une formation intitulée “Les clés de la réussite : l’humain au cœur de vos priorités” portant sur le management et l’art du feedback.
LE DOCUMENT UNIQUE D’EVALUATION DES RISQUES PROFESSIONNELS (DUERP) : Anticiper pour mieux prendre en charge
Les entreprises sont soumises à de nombreuses obligations. Certaines pouvant sembler futiles, d’autres majeures mais elles ont toutes leur importance et aujourd’hui nous désirions vous en parler d’une particulier : la mise en place du Document Unique d’Evaluation des Risques Professionnels (DUERP). Ce document, au nom un peu barbare on vous l’accorde, est fondamental au bon fonctionnement d’une entreprise : on vous en explique les enjeux !
Le Document Unique d’Evaluation des Risques Professionnels (DUERP) répertorie avec détails les risques professionnels auxquels les employés sont susceptibles d’être exposés lors de leur travail. Il est obligatoire dans toute entreprise, et doit être tenu à la disposition des représentants du personnel, de l’inspection du travail, de la médecine du travail et des organismes de sécurité sociale. Il permet d’organiser la prévention au sein du programme annuel de prévention. Il doit être réalisé et mis à jour annuellement afin de rendre compte de la réalité des employés sur le terrain.
Au sein de chaque entreprise, de nombreux risques existent. Ils ne sont que des menaces mais il faut pouvoir les prévoir, les anticiper. Ils concernent aussi bien l’activité propre de l’entreprise que les risques psychosociaux, aussi appelés RPS.
Chaque domaine d’activité, chaque entreprise, possède des spécificités qui peuvent les rendre vulnérables. Imaginez-vous directeur d’un grand magasin. Vous et vos salariés recevez des milliers de produits par jour que vous devez porter, vider, ranger, … Vous risquez de vous couper en ouvrant un carton, de tomber en rangeant un produit dans le dernier étage de l’étalage, de vous bloquer le dos en répétant le mouvement incessant accroupi/debout pour ranger la marchandise. Puis vous passez au service client. Happé par leur demande, vous courrez sans cesse, sur des sols glissants, ou piétinez en ayant à peine le temps de vous asseoir : vous risquez sur le long terme des pathologies circulatoires de type veineux avec des jambes lourdes, des varices, des œdèmes … Le Document Unique devra ici mettre le point sur les risques physiques de votre travail mais il y paraitra aussi les risques chimiques (manipulation de produits chimiques), thermiques, électriques, d’incendie ou psychologiques (emploi du temps variable selon les saisons qui empêche d’anticiper pouvant générer du stress, perturbation de la vie sociale et familiale, violence potentielle des clients, …). Ces situations sont extrêmement rares, la plupart des commerçants aiment leur métier, le contact client, la proactivité, mais anticiper les potentiels risques permet leur protection et la reconnaissance des difficultés de leur métier. Bon, quand vous lisez tout cela, vous devez vous dire que la rédaction de ce document est déprimante ! Il peut cependant être source de grande richesse pour la cohésion d’équipe, leur prise en confiance, leur reconnaissance, le sentiment d’appartenance des salariés et la création d’une identité d’entreprise.
Lorsqu’un sujet est reconnu dans son métier avec toutes les composantes, aussi bien positives que négatives, il sera davantage écouté et pourra s’épanouir pleinement dans son travail avec la certitude d’être compris en cas de confrontation à l’un de ces risques. Il est important que chaque salarié soit impliqué dans la rédaction de ce document, c’est un travail collaboratif dans l’établissement des risques. On évalue les risques dans chaque unité de travail de l’entreprise ou de l’établissement. En réalisant ce document, le chef d’entreprise protège ses salariés et son entreprise, c’est-à-dire son image, ses résultats, ses valeurs, son identité, … Si, vous, directeur de magasin, vous n’avez pas pu identifier le risque chimique, en cas d’intoxication, vous serez pointés comme n’ayant pas mis assez de précaution dans la prévention de ce risque, mettant en danger les salariés mais aussi les clients. Pour chaque risque, un protocole préventif sera instauré. Ce travail collaboratif et participatif est en fin de compte un gain de temps immense sur le long terme puisque l’entreprise se protège et protège les acteurs directs et indirects.
Le DUERP est une obligation légale. Il est prévu par l’article R4121-1 du code du travail. En tant qu’employeur, vous êtes responsable de ce document, même si vous pouvez en déléguer la réalisation à un tiers.
Déléguer … Selon les caractères, l’histoire de chacun, cela sera plus ou moins facile, (nous en ferons d’ailleurs l’objet de notre prochain article), mais des documents comme ceux-ci sont facilement délégables alors n’hésitez pas ! Construire un plan d’évaluation des risques, réfléchir ensemble à des protocoles de prévention et de résolution de ceux-ci, sont autant de travaux facilement attribuables à un groupe de salariés, volontaires, supervisés, se sentant personnellement touchés par ce sujet. Vous permettez ainsi d’impliquer chaque salarié activement, leur prouvant votre confiance. Le travail en équipe crée des liens solides, et dans le cadre du DUERP, mettre au point des groupes de travail ne peut que souder les salariés qui élaborent sur un thème dont ils sont les principaux acteurs, les unissant aussi bien dans la réussite que dans l’adversité.
PsyInsight vous propose de vous accompagner dans la rédaction de ce document unique, de l’étape de l’évaluation des risques aux plans d’actions en cas de survenue de ces risques. Nous ne sommes qu’une épaule, vous en êtes les acteurs car vous êtes les meilleurs connaisseurs des risques potentiels liés à la pratique de votre métier, au sein de votre structure. Ce document unique n’a pas de format pré-fait, il sera le fruit de votre travail, puisque l’humain est votre priorité, notre expertise.
Auteur : Ombeline de Grandmaison
Apprendre à mieux réguler son stress
Le stress fait partie de la vie. Chacun de nous y a un jour été confronté, et pour cause ! Le stress, c’est le mécanisme primitif utilisé par notre organisme pour répondre à ce que nous percevons comme une menace. Or, bien que nos facteurs de stress ne soient plus les mêmes que ceux de nos lointains ancêtres il y a des centaines de milliers d’années, notre organisme y répond de la même façon : troubles du sommeil et de l’appétit, anxiété, transpiration, vertiges et fatigue, le stress se révèle différemment chez chacun d’entre nous.
Au travail, le stress est bien souvent pointé du doigt pour être responsable, entre autres, d’une mauvaise ambiance de travail, de difficultés relationnelles, et de souffrances psychologiques. Et pour cause, lorsque la demande est trop importante, que les moyens donnés pour y répondre ne suffisent pas ou que l’événement stressant est chronique, alors le stress peut avoir des effets dévastateurs sur la santé mentale et physique des travailleurs.
Pourtant, le stress est un mécanisme naturel et il intervient dans de nombreux challenges de notre quotidien. Il peut être positif quand il permet de relever des défis et d’atteindre de nouveaux objectifs de carrière.
Aujourd’hui, PsyInsight relaie les préconisations de l’Association de Psychiatrie Américaine et vous présente aujourd’hui 11 outils qui permettent de réguler sainement les effets délétères du stress au travail.
- Éliminer les facteurs de stress : le stress ressenti dépend de chacun, ainsi il est primordial de bien se connaître pour savoir à quel niveau mettre la barre. Et quand on n’arrive plus à y voir clair dans l’urgence ? Apprenez à déléguer, abaisser la barre, ou à demander de l’aide !
- Cultiver ses relations sociales : nous sommes des animaux sociaux, et notre fonctionnement est intimement lié à celui de nos proches. Partager son vécu peut permettre de diminuer considérablement le vécu de stress, mais plus encore, offrir son soutien peut avoir les mêmes effets sur le stress ressenti !
- Surveiller son alimentation : la réponse hormonale au stress affecte le système digestif. Avoir l’estomac noué ou à l’inverse de grandes envies de gras et de sucre sont deux réponses normales de la part de l’organisme qui doit répondre à une menace, mais ce ne sont pas des réponses particulièrement efficaces lorsqu’on a un dossier urgent à préparer. Conservez une alimentation variée, riche en vitamines, pour rester en bonne santé !
- Relâcher ses muscles : il existe une quantité phénoménale d’exercices de relaxation musculaire. Quelques minutes suffisent pour ressentir les bienfaits de la décontraction.
- Méditer : de nombreuses études tendent à démontrer les effets bénéfiques de la médiation et de la mindfulness sur le stress et l’anxiété. En quelques minutes, recentrez-vous sur l’ici et maintenant !
- Protéger son sommeil : le sommeil est un excellent indicateur du niveau de stress. Comment conserver un sommeil de qualité pendant une période stressante ? Respectez un rythme régulier de sommeil, évitez la caféine et l’alcool, et surtout, fatiguez-vous physiquement pendant la journée !
- Dépensez-vous : l’activité psychique n’a pas que des effets sur le sommeil, elle permet aussi d’en réduire significativement le ressenti et les effets sur le système immunitaire.
- Prenez un moment dans la nature : même les espaces verts des grandes villes font l’affaire. Se connecter à la nature permet de réduire efficacement les effets ressentis du stress.
- Prendre soin de ses moments de loisirs : les moments de vie stressants peuvent inciter à empiéter momentanément sur les temps de loisirs et de détente, notamment parce qu’ils n’apparaissent pas comme directement productifs. Pourtant cela peut être contreproductif ! La bonne humeur, le rire et la joie contribuent à réduire le stress.
- Changer de point de vue : lorsqu’on est plongé dans une tâche, on peut rapidement et sans s’en rendre compte se fermer à d’autres façons de voir les choses. Prenez le temps de faire le tour du problème, d’en discuter, il y a toujours d’autres solutions que celle qui vous semble insurmontable.
- Demander de l’aide : le stress peut être le coup de pouce qui permet d’atteindre des objectifs, mais il devient très dangereux pour la santé mentale et psychique lorsqu’il est chronique. Adressez-vous à un professionnel de santé (médecin ou psychologue du travail) qui vous aidera à identifier les situations stressantes et les ressources que vous avez à votre disposition, parfois sans le savoir.
Auteur : Agathe Ancellin–Geay
Toute l’équipe de PsyInsight se tient à vos côtés dans vos situations de travail. Prenez soin de vous, de votre santé et de celle de vos collaborateurs !
Le mindset au service de la montée en compétence et de la formation
Dans les années 1970, la psychologue Carol Dweck a théorisé le concept de Mindset. Le mindset correspond à l’état d’esprit. Il peut y avoir deux versants : Fixed Mindset et Growth Mindset. Ces deux types de mindset sont complètement opposés dans leur fonctionnement.
“Fixed Mindset”
Les individus appartenant à ce premier versant présentent un état d’esprit et une manière de voir la vie, de manière générale, relativement fixe et sans évolution. Leur crédo serait que l’on naît avec des capacités (à la fois physiques, mentales, etc.) qui seraient “fixes” : “Il a toujours été bon en maths”, “Ce n’est pas un sportif”, etc.
Ils attribuent ainsi davantage d’importance à la génétique plutôt qu’à la culture et l’entraînement. Selon eux, nous naîtrions avec des forces ainsi que des faiblesses. L’attribution des échecs sera alors souvent dûe à des facteurs externes et convaincus que rien n’a pu, ni ne pourra, être mis en œuvre afin que ces échecs ne se reproduisent. L’incompétence dans un domaine serait alors naturelle. Ce sont, en quelque sorte, des personnes relativement fatalistes pensant que l’on ne peut avoir d’impact direct sur nos performances.
Ils seront donc moins enclins à se confronter à de nouveaux challenges, à l’inconnu ou à prendre des risques. Pour eux, il n’y a pas réellement de possibilité d’apprendre et de progresser dans un domaine dans lequel ils seraient, à priori, moins performants. En pratique ainsi que dans leur travail, ils n’apprécient pas réellement d’être confrontés à la difficulté et vont préférer s’en éloigner car cela est, pour eux, marque de leur “incompétence” dans un domaine.
“Growth Mindset”
En parallèle, nous avons des individus ayant un état d’esprit les portant à voir toutes les facettes de la vie comme l’opportunité de découvrir un domaine nouveau, une compétence à visée d’apprentissage et de progression. Pour eux, l’effort conduit à la réussite. La culture se retrouve donc au-dessus de la génétique.
Les personnes avec un Growth Mindset ont ainsi pour objectif de se développer et de monter en compétences. Leurs réussites sont attribuées au résultat de leur travail, tandis que leurs échecs sont vus comme la conséquence d’une absence/ insuffisance d’entraînement.
Ainsi, ils seront plus enclins à aborder de nouveaux challenges et se lancer des défis, même si ceux-ci peuvent leur sembler insurmontables de prime abord. Les échecs ne seront pas vus en tant que tels, mais comme un axe de progression et de développement. Ils vont pouvoir être motivés par les obstacles et les critiques, gardant le souhait de les retourner et d’avancer.
Ce qu’il faut retenir :
Les deux formes d’états d’esprits, Growth et Fixed, influencent inévitablement la personnalité des individus. Cependant, par le simple fait d’avoir une prise de conscience sur ces deux types de mindset, un travail d’amélioration peut être entamé.
“Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends”.
Nelson Mandela
Nous pouvons ainsi nous demander quelle est la place du manager dans ces deux cas de figure, comment accompagner ses collaborateurs dans le développement de leurs compétences ?
Dans le cas d’un collaborateur ayant un Fixed Mindset, c’est dans l’intérêt du collaborateur de l’accompagner, de le soutenir et de lui montrer les possibilités de progression qu’il peut avoir. Être dans le “Yet/Not yet” : il n’a pas encore atteint son objectif mais il est en cours de réussite. Insister sur le trajet déjà parcouru et reconnaître la progression.
Dans le cadre d’un collaborateur Growth Mindset, le manager aura pour objectif de le challenger. L’attribution de nouvelles tâches s’écartant de ce qui est fait habituellement sera l’occasion d’aller au-delà de sa zone de confort et de se dépasser.
Est-ce que ça ne vous donnerait pas envie de faire plus de feedbacks tout ça ?
Auteur : Charlotte Chollet
Les enjeux RH clés auxquels répondra l’entreprise demain…
La crise sanitaire paraît avoir rebattu les cartes, et l’alliance entre les nouvelles technologies et l’humain deviendrait presque une nécessité, intégrant une nouvelle dimension à la culture d’entreprise telle que nous la connaissons.
Faire avec la distance
À l’ère d’un renouveau technologique, la fonction RH requiert un grand besoin de digitalisation. Le télétravail floute la frontière entre les versants personnel et professionnel, la question étant de savoir désormais “Quand est-ce qu’on se déconnecte ?”
L’évolution du rapport de l’Homme au travail durant ces dernières années a été considérable. Nous sommes passés d’une gestion très administrative du travail (ces propos seraient à nuancer selon les entreprises) à une considération du facteur humain comme véritable “Business Partner”.
Aujourd’hui plus encore qu’hier les limites entre vie professionnelle et personnelle sont floues. Dans certaines structures, un manque de confiance managériale un manque de confiance managériale a conduit à développer des modes de traçage, de contrôle. Cette gestion dépend de la capacité de l’organisation à accueillir l’inconnu, à sortir de ses repères. Encore une fois, mettre en place un management positif et entraînant dans lequel les collaborateurs se sentent en confiance, dépend grandement du positionnement et de l’attitude des managers face à l’incertitude, ainsi que de leurs filtres interprétatifs. Les croyances de certaines cultures d’entreprise face à l’inconnu peuvent les pousser à instaurer des règles, des codes et des lois très strictes, peu flexibles et cadrées pour contrer la survenue d’anxiété générée par une situation d’incertitudes. À l’inverse, celles portant des valeurs de faible contrôle sont des sociétés à l’aise avec l’imprévu, tolérantes et pouvant user de plus de flexibilité.
Les enjeux se situent également en termes de « contrôle » et de « confiance » accordés aux employés. Pendant le confinement, faire confiance n’était plus une possibilité mais une nécessité. Aujourd’hui, la flexibilité devient indispensable. Certains auteurs s’accordent pour dire que la digitalisation du travail risquerait d’homogénéiser les cultures et les modes de fonctionnement des entreprises (Hofstede, 2011).
Engagement et libération
Sur des problématiques concrètes (telles que le recrutement, les évaluations annuelles, les entretiens de suivi réguliers, etc.) la digitalisation et l’utilisation d’outils technologiques spécialisés paraissent, spontanément, indispensables.
Dans des missions comme la GPEC ou la formation, il faut s’assurer d’anticiper la montée en compétence des collaborateurs pour leur donner accès, demain, à des métiers qui n’existent peut-être pas encore.
“30 % des emplois en 2030 n’existent pas à l’heure actuelle ”
Société Dell, 2017.
L’enjeu, si les entreprises souhaitent fidéliser leur facteur humain, de maintenir leur employabilité sur le marché du travail semble à la fois se restreindre et se complexifier.
Le e-learning, et les webinars deviendront certainement des incontournables dans le cadre de la formation continue. Dans d’autres pays, tels que les Etats-Unis, il semblerait que ces pratiques soient d’ailleurs déjà bien ancrées. Cependant, il faudrait veiller à que ces pratiques soient combinées avec d’autres, plus orientées vers la réunion, en compensant la déshumanisation et en créant de l’appartenance.
Par ailleurs, la libération de la parole sur certains sujets de société influe également sur le monde du travail, qui véhicule désormais son engagement sur des représentations restées jusqu’alors “sujets tabous”. Dans ce sens, nous pouvons citer la notion grandissante de RSE (comprenez Responsabilité Sociale/Sociétale et Environnementale), des entreprises qui se disent “responsables” et mettant des moyens en oeuvre pour avoir un impact positif sur la société.
Dans les thématiques RSE nous pouvons retrouver : la prise en compte de l’impact environnemental dans ses activités, la garantie de bonnes conditions de travail, de la diversité (par exemple l’égalité homme/femmes dans le recrutement…). Des sujets, jusqu’à une vingtaine restés sans débat, s’ouvrent et de nouvelles mesures sont prises. À titre d’exemple, nous pouvons illustrer notre propos en abordant la question de la parentalité en entreprise. Sous l’impulsion de centaines d’entreprises (telle que L’Oréal) et avec le soutien du Ministère du Travail, en avril 2008, la Charte de la parentalité en entreprise est lancée. Le 23 septembre 2020 marque un tournant dans l’histoire de la parentalité, l’Etat français déclarant que « Tout travailleur, quel que soit son contrat, peut bénéficier d’un congé paternité ». Celui-ci est allongé à 28 jours. Ainsi, comme nous l’avons vu, la parentalité dans le milieu professionnel émerge aujourd’hui comme un sujet réel, marqueur de l’évolution de notre société.
S’engager s’impose comme un besoin nouveau de la part des sociétés, comme conséquence d’un monde qui se modernise. Cela témoigne de la recherche de sens des travailleurs dans leur activité, de valeurs alignées avec leurs convictions personnelles.
Auteur : Emma Houchami
Jeux psychologiques et postures pouvant parasiter la qualité de la relation de travail
Comment pouvons-nous prendre les jeux psychologiques ou les postures qui peuvent émerger dans une équipe, une organisation ou dans une relation interpersonnelle ? Les prévenir avant qu’elles ne parasitent la qualité de la relation de travail ?
1. Identifier pour mieux comprendre.
Chacun d’entre nous dispose de filtres et de références interprétatives qui lui sont propres, à la lumière desquels il appréhende, comprend et réagit au monde qui l’entoure. Ses filtres peuvent se référer à son éducation (ses apprentissages), à sa personnalité…
De plus, son passé et ses expériences vécues peuvent également s’avérer des clés de compréhension permettant de mieux appréhender ses réactions face à certaines situations. Par exemple, ils peuvent déclencher des rapprochements qui n’auraient pas lieu d’être chez d’autres individus. Il peut arriver que nos croyances entrent en contradiction avec celles de notre entreprise, ainsi nos actions ne seraient-elles, dès lors, plus en accord avec qui nous sommes réellement.
Notons que, lorsque cela est le cas, il est probable qu’un collaborateur fasse preuve de démotivation, mais souvent, même dans cette configuration, il continue cependant à effectuer son travail. La vraie question est alors de savoir pourquoi sommes-nous amené.e.s à agir en contradiction avec nos propres opinions, même lorsque nous en sommes conscients ?
De très nombreuses expériences ont été menées, étudiant le rapport de l’individu à l’autorité et l’influence que peut avoir celle-ci sur ses actions. L’expérience de Milgram restant l’une des plus flagrantes. Autorité ne rime, à mon sens, pas avec légitimité mais à l’inverse avec d’autres facteurs tels que la personnalité, les actions ainsi que le rôle de la figure d’autorité.
2. Des rapports nécessairement inégaux ?
Si hiérarchie rime avec lien de dépendance, qu’en est-il de la soumission à l’autorité ou de la créativité ? C’est là que me semble résider le dosage clé du bon manager. Contrôler et suivre tout en laissant assez de liberté à l’individu pour qu’il se sente autorisé et légitime dans sa prise d’initiative.
Notre rôle de RH apparaît alors de mettre en confiance les collaborateurs pour qu’ils témoignent avec fierté de preuves d’autonomie dans une relation de confiance. Cela nécessite d’être aligné dans nos modes de fonctionnement. Je m’explique : il nous faut reconnaître notre noble place au sein du groupe qu’est l’organisation. Garder en tête qu’un conflit dans un contexte de travail peut être délétère à l’organisation elle-même, aux individus ainsi qu’à la qualité du travail fourni, car elle présente un risque de désengagement. En effet, le risque serait d’entretenir des rapports déséquilibrés. Eric Berne, fondateur de l’analyse transactionnelle a longuement cherché à sensibiliser nos populations sur des enjeux clés de compréhension des rapports humains, applicables dans un contexte organisationnel.
Pour éviter un tel déséquilibre, commencer par prendre appui sur le factuel permet de garder en tête et de visualiser un objectif rationnel dans un contexte donné. J’ai choisi d’illustrer mon propos par ce schéma qui reprend de manière succincte les différentes positions développées dans le modele d’Eric Berne. Ainsi existerait-il différents modes relationnels :
+/+ : Dans ce mode relationnel les individus sont en capacité de communiquer positivement et de collaborer de façon adaptée pour avancer dans leurs tâches en vue de la réalisation d’un objectif commun. C’est l’incarnation du ” nous ” et du ” faire ensemble ” en se responsabilisant dans un rapport équilibré, d’égal à égal.
+/- et -/+ : La polarité qui se dégage de ces deux modes relationnels entraîne un rapport déséquilibré dans les relations, pouvant impliquer un rapport de survalorisation/soumission ou de dévalorisation/domination ne permettant pas un mode de communication sain et efficace sur le long terme.
-/- : Ce dernier mode traduit une mise en retrait due à une dévalorisation importante dans laquelle l’individu n’a plus réellement de croyance en sa compétence et n’envisage pas de solutions possibles, qu’il pourrait mettre en place par lui-même.
Avec les états du Moi fonctionnel (Parent/Adulte/Enfant), les modes relationnels d’Eric Berne me paraissent être des outils indispensables pour mieux comprendre et agir sur la communication dans les organisations. Les rôles de chacun au sein des organisations ne sont nécessairement pas les mêmes cependant il faut, pour avancer, placer et considérer les individus dans un rapport d’égal à égal comme deux adultes compétents et responsables de ce qu’ils entreprennent. Par ailleurs, nous pouvons aborder le Triangle dramatique de Karpman. En prenant conscience qu’une dynamique particulière peut apparaître au sein des rapports au travail, nous pouvons mieux comprendre comment identifier puis agir sur les déséquilibres entre différents acteurs en évitant de reproduire inlassablement le même schéma.
3. Rééquilibrer tout ça !
Sur le schéma ci-dessus nous comprenons que pour éviter l’établissement de rapports inégalitaires (et sur le long terme délétères) il faut se pencher sur les différentes postures pouvant émerger au sein des équipes, bien qu’elles puissent apparaître bienveillantes et valorisantes en surface. En tant qu’acteur d’aide au changement nous devons ainsi aider et favoriser un rapport d’égal à l’égal, pour permettre une dégringolade lorsque celui-ci se montre trop inégal. Nous pouvons prendre en exemple la vidéo de l’échange entre Yann Moix et Christiane Taubira, qui lorsqu’elle perçoit l’établissement d’un mode de communication inégale (dû à un abus de soumission à l’autorité) cherche à rétablir un mode de communication plus juste, d’adulte à adulte.
Lien mis à disposition des plus curieux juste ici : https://www.youtube.com/watch?v=q2r68jKbFdw&list=LLNNCU0OwN3vF7v5c0IzABGQ&index=157
Il n’est pas présentement question de concevoir tous les individus au même niveau de responsabilités car ce n’est, à mon sens, pas une réalité. Cependant, c’est davantage la possibilité de se montrer apte à considérer que tous les collaborateurs ont le droit d’être traités comme des adultes responsables, soucieux d’effectuer leur travail convenablement mais qui peuvent être soumis à des contraintes extérieures. Il faut donc apprendre à nos collaborateurs à repérer l’installation de ces systèmes puis à pouvoir le désamorcer de façon adaptée, sereine et saine.
Pour cela, nous pouvons notamment tenter de faire prendre conscience à l’individu impliqué de ses propres ressources internes, pour qu’ils puissent en user de manière à s’extraire d’un tel rapport (à titre d’exemple : lui insuffler confiance en ses compétences, en lui-même, lui rappeler qu’il a déjà réalisé de grands projets qui ont, d’un point de vue factuel, correctement fonctionné précédemment).
En résumé, nous sommes tous acteurs de changement…
Un mantra intéressant sur lequel je suis tombée durant mes recherches est le suivant, particulièrement parlant et résumant bien les enjeux:
“Une des meilleures façons de commencer est d’être le changement que l’on voudrait voir chez les autres. Un persécuteur qui apprend à communiquer sans agressivité, une victime qui prend sa situation en main, un sauveur qui se demande si on l’a appelé à l’aide…”
Moumen, 2013.
La fonction Ressources Humaines (ou Relations Humaines) ainsi que ses acteurs sont de véritables médiateurs, des postes clés. L’enjeu, si nous prenons l’exemple de la gestion de conflit, est de désamorcer ce dernier. Réunir pour entamer un dialogue positif et constructif. Ainsi, pouvons-nous aider à la reformulation et encourager les acteurs impliqués dans l’établissement d’un rapport d’adulte à adulte, égalitaire et bénéfique à long terme. Le « bon » médiateur, comme nous l’avons abordé, assèche l’inconnu. D’autres notions clés peuvent constituer des outils RH pertinents à utiliser au quotidien. Parmi elles, la communication non-violente, incontournable, dans lequel il est vivement conseillé d’utiliser le pronom “Je” lorsqu’on exprime une sensation, un besoin et une demande. Cela permet de reconnaître que ce ressenti nous appartient personnellement et qu’il n’est pas forcément le reflet de ce que l’interlocuteur souhaitait faire passer comme message.
Auteur : Emma Houchami